Sablier 1-3-5 minutes

Il y a, dans le sablier posé près de la tasse, une gravité douce, presque mélancolique, qui confère à l’attente du thé une solennité muette.

Tandis que le sable, fin et pâle comme une poussière d’aube, s’écoule avec une lenteur étudiée, on croit percevoir le murmure du temps lui-même, ce temps que nul ne peut retenir, mais que l’on contemple, fasciné, dans cette fragile transparence de verre.

Chaque grain glisse comme un souvenir qu’on laisse tomber, un instant qu’on ne reverra plus, et pourtant, l’instant d’après, un autre se forme, identique et nouveau. Ainsi l’infusion se fait dans la tasse, comme la pensée se fait dans l’esprit — par une lente décantation de la durée.

Et lorsque le dernier grain s’évanouit dans le cône inférieur, c’est tout un petit monde qui s’achève, discret, parfumé, prêt à être savouré avant qu’il ne se dissipe, à son tour, dans le temps.