Baskerville, thé noir

Dans les vastes landes du Devonshire, un voile de brume argentée s’étire sur les collines ondoyantes, dissimulant ce que seule l'œil attentif d'un enquêteur perspicace pourrait déceler. Les noisetiers sauvages dressent leurs branches tordues comme autant de doigts accusateurs, tandis que les bruyères blanches semblent chuchoter quelques secrets au gré du vent. Une silhouette solitaire arpente ces sentiers empreints de mystère, la casquette en tweed inclinée à la recherche d'une piste, le regard acéré sous des sourcils froncés.

Dans la poche de sa veste Prince-de-Galles, un carnet attend d'y recueillir des indices, peut-être un bout d'étoffe égaré ou une empreinte de pas dans la terre humide. Chaque craquement de brindille, chaque vol de corbeau noirci par la brume, semble murmurer une énigme à élucider avant l'heure du thé.

"Élémentaire, mon cher Watson", pense-t-il, un sourire discret aux lèvres.

Mais la lande, elle, garde encore jalousement son mystère.