Thé vert menthe Maroc
La majestueuse tente caïdale, se pose sur les bords d'un oued de préférence. Sa magie est d'autant plus efficace pourvu qu'on la rafraîchisse en l'aspergeant de gouttelettes d'eau de fleur d'oranger. Les dunes ondulent sous les tapis berbères et les verres gravées aux couleurs pistache ou rose se pressent autour de la théière où infuse la menthe fraîche. Asseyez-vous, vous êtes les bienvenus.
thé vert chine gunpowder, menthe poivrée
Les Conseils:
Clapotis du thé brûlant tombant dans les verres, parfum puissant de la menthe nanah, geste de fraternité et d'hospitalité... Boisson d’excellence des hommes bleus du désert. Une fraîcheur incomparable.
Température de l'eau: 80°
Temps de pose: 3 minutes
A quel moment déguster ce thé? Pour accueillir un compagnon de longue date, ou lors d'un retour de voyage.
Accompagnement : Tajines de poulet, semoule et légumes parfumées des épices du Maroc.
Allons plus loin:
Dans un compte-rendu commercial du IXe siècle, Soliman, un marchand arabe, raconte ses expéditions en Chine et fait mention du thé comme une herbe presque sacrée, dont l’importance est essentielle dans la société chinoise : c’est la trace écrite la plus ancienne, en dehors de textes chinois, que l’on ait sur le thé.
Bien qu’il soit aujourd'hui devenu une boisson traditionnelle au Maghreb, le thé à la menthe est, en fait, historiquement assez récent. Passant par le Pakistan, l’Iran, la péninsule arabique et la Turquie, le thé arriva en Égypte vers le XVIe siècle. Mais sa progression s’arrêta là, et la plante chinoise ne traversa pas le désert de Libye. Les Britanniques introduisent le thé en poudre en Afrique du Nord aux XVIIIe et XIXe siècles par deux voies, le Maroc et l'Algérie.
Au XVIIe siècle, le thé vert de Chine fut introduit au Maghreb à la cour du sultan Moulay Ismail, mais on retrouvera la plus vieille théière à Alger fin du XVIIe siècle pendant l'époque ottomane puis ce sera qu'à partir de la fin du XVIII siècle, grâce aux cargaisons de thé vert acheminées par les navires de la Compagnie britannique des Indes orientales vers les ports maghrébins, que l'usage de cette plante commença à se répandre dans les cuisines. Au milieu du XIXe siècle, les Anglais étaient confrontés à la perte des marchés slaves, suite à la guerre de Crimée. Ils cherchaient de nouveaux débouchés? et c’était vers le Maroc, plus précisément les ports de Mogador et de Tanger, qu’ils se tournèrent pour écouler leurs stocks en thé vert. Les marocains y ajoutent de la menthe pour adoucir l'amertume et se l'approprient immédiatement.
Les puissances coloniales vont étendre et moderniser la production de thé dans leurs colonies asiatiques. Les Britanniques avaient introduit la culture du thé en Inde, les Français la développèrent en Indochine et les Néerlandais en Indonésie. Cette mutation augmenta considérablement la production du thé, cette plante n'était alors plus une denrée rare, son prix baissa et devint accessible à toutes les couches sociales. Grâce aux populations nomades, le thé se diffusa rapidement dans tout le Maghreb, puis dans toute l’Afrique de l’Ouest. Petit à petit, un cérémonial destiné à la consommation du thé se mit en place, et tout un folklore, ainsi qu’un artisanat, se développa autour de cette boisson.
Aujourd’hui, le thé vert à la menthe apparaît, à première vue, comme une tradition immuable. Offrir du thé à la menthe en signe d'hospitalité, fait désormais partie des règles du savoir-vivre, non seulement au Maroc, mais aussi dans tout le Maghreb.